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RO 8 MEMOIRES DE PIERRE DE L'ESTOILE.
Et cependant à trois jours de là le vouloit faire passer pour bon au duc de Maienne, lequel à son souper de ce jour beust du vin que le commissaire Louschart lui avoit donné : lequel il trouva fort bon, et en beust à lui.
Le trentieme et dernier du present mois de novembre, qui estoit le samedi feste de Saint-André, plusieurs des Seize estans venus trouver le duc de Maienne, estans dans sa chambre, tumultuoient et parloient haut, sans aucun respect, et trestous ensemble, à leur maniere accoustumée : tant que Tun d'eux, nommé Le Normant, va dire si bas que M. de Maienne l'enten-dist, que c'estoient les Seize qui l'avoient fait, et qu'ils le pourroient bien desfaire quand bon leur sembleroit. M. de Maienne l'ayant entendu, se contenta d'apprendre son nom, et passa ceste bravade tout doucement. Mais M. de Victri, qui estoit là, demanda si c'estoit un Seize; et ayant entendu qu'oui, dist tout haut, en jurant à sa maniere accoustumée, que les Seize faisoient bien les mauvais à Paris; mais que si M. de Maienne vouloit dire seulement le mot,, qu'il les lui rendroit tous pendus dans le soir, et qu'il les pendroit plustost lui mesme de ses deux mains. Comme à la verité ce gentilhomme poussa fort le duc de Maienne à l'execution qu'il en fist faire, lui mettant lé coeur au ventre : si qu'il ne tinst pas à lui qu'il n'en fist mourir davantage.
Ce samedi dernier novembre, je fis un songe la nuit qui me troubla fort, et lequel eut, cinq semaines aprés, la signification que je craingnois : car je songeai qu'estant sorti de ceste ville, j'avois esté contraint de revenir, à cause des chiens qui m'abayoient de tous costés;
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